« 25% des adultes se plaignent dallergies alimentaires, en réalité à lissue des tests, seuls 2% sont effectivement intolérants ». Si les idées reçues en matière de santé sont nombreuses, les allergies alimentaires sont dans le peloton de tête. Elles terrorisent les parents qui, à la moindre suspicion, suppriment, purement et simplement, laliment des menus. Erreur ! « Cette éviction totale nest pas une bonne chose, car si un jour lenfant consomme par inadvertance laliment, la réaction allergique (lintolérance) sera amplifiée. Avant de lexclure, il faut avoir la certitude quil est allergène et donc pratiquer un test chez un allergologue, cela peut se faire dès le premier mois de vie de lenfant» affirme Fabienne Rancé, chef du service consultation et hospitalisation de pneumologie et dallergologie pédiatrique du CHU de Toulouse. « Il faut distinguer les allergies de lenfant et celles de ladultes. Chez lenfant, elles guérissent avec lâge. Chez ladulte, cest plus complexe surtout quil y a des allergies croisées. Il ne faut pas dramatiser, les chocs anaphylactiques sont très rares (5%) ».
Jour : 24 novembre 2007
Interview du professeur Fabienne Rancé, pédiatre allergologue au CHU de Toulouse.
Docteur Fabienne Rancé, quels sont les principaux aliments allergisants ?
« Le lait les ufs et larachide. Ce sont des constantes dans le monde entier. Après par nation, par continent, il y a des particularités liées à la consommation de tel ou tel plat. En France, les noisettes et les kiwis arrivent en tête. En Asie, cest le poisson. En Polynésie française il ny a pas détudes épidémiologiques donc il est difficile de connaître les allergènes. Si lon se réfère au mode de vie des Polynésiens, je pense que ce sera les poissons et les crevettes.».
En Europe, il existe une réglementation stricte sur linformation aux consommateurs notamment sur les emballages des produits finis. Les fabricants doivent sy soumettre et mentionner la présence de lun des 12 allergènes les plus fréquents. En Polynésie française, cette réglementation ne sapplique pas, comment faire ?
« Cest difficile. Les produits importés viennent de divers continents tous nont pas les mêmes réglementations. Aux États-Unis par exemple la liste des allergènes en mentionne huit. En Asie, je ne crois pas que ce soit obligatoire, ici non plus».
Cest une difficulté supplémentaire pour les parents ?
« Oui sils donnent des plats transformés (cuisinés), lorsque lon a des doutes et que son enfant est allergique au lait de vache, aux ufs ou à larachide, il vaut mieux cuisiner ! Il ne faut pas avoir peur dalimenter son enfant. Il faut suivre ses allergies, faire des tests régulièrement pour vérifier sa tolérance»