Les autorités de santé le craignaient depuis plusieurs semaines, l’épidémie de dengue de type 1 (DEN-1) qui sévit depuis décembre en Nouvelle-Calédonie et qui a déjà coûté la vie à deux habitants (dont une jeune femme de 36 ans ce mardi 5 mars), est arrivée en Polynésie française. C’est bien sûr, un touriste qui a rapporté dans ses veines, le virus. Parti de Moorea (l’île soeur de Tahiti), la maladie a vite traversé les 25 km pour atteindre la capitale où les cas se multiplient. Des mesures disolement des malades et de lutte contre les moustiques ont été prises par les services de santé, appuyés par les services communaux à Moorea (quartier Haapiti) et à Tahiti (Punaauia, Tipaerui, Mahina et Arue).
La situation épidémiologique actuelle montre lexistence de deux foyers actifs de transmission et de deux autres sites possiblement contaminés. Récemment, il a été mis en évidence deux cas de dengue de type 3, en plus des cas de type 1 précédemment identifiés. « La co-existence des deux sérotypes peut majorer la survenue de forme grave », avertit la direction de la Santé de Tahiti. « Cette co-existence est plutôt rare et inhabituelle », a précisé à La Dépêche de Tahiti, le docteur Henri-Pierre Mallet, responsable du bureau de veille sanitaire, ajoutant que lintroduction du sérotype 3 (DEN-3) incomberait à une voyageuse récemment arrivée de Guyane.
Dautres cas de dengue de type 3 ont été décelés ce lundi 4 mars notamment dans la commune de Arue à Tahiti, mais nous nen sommes quau tout début. Si la dengue de type 3 nest potentiellement pas plus dangereuse que la dengue de type 1 (DEN-1) , le problème vient du fait que la population nest quasiment pas immunisée contre ce sérotype : « La dernière épidémie de DEN-1 remonte à 2007, alors quil faut remonter 25 ans en arrière pour retrouver la trace dune présence de DEN-3 en Polynésie française ».
En conséquence, les autorités sanitaires déclarent le début dune épidémie de dengue, pour linstant localisée à Moorea et Tahiti, indique le Dr Henri-Pierre Mallet, responsable du Bureau de veille sanitaire, pour la situation épidémiologique. Lensemble des communes où des agents ont été formés pour la recherche et lélimination des gîtes à moustiques doit se mobiliser. La suppression des gîtes à moustiques dans les lieux accueillant des enfants (écoles, crèches-garderies, clubs de sport, etc.) et des malades (cabinets médicaux) est une priorité. La concomitance des DEN-1 et DEN-3 sur le territoire est également potentiellement dangereux pour les personnes qui viendraient à lattraper sous ses deux formes : « La seconde fois serait plus sévère », avertit le docteur Henri-Pierre Mallet, qui garde espoir que lune des deux disparaisse au profit de lautre : « Généralement, un sérotype prend le dessus sur lautre, qui ne survit pas ».
Toute la population est vivement sollicitée à renforcer ses efforts en procédant toutes les semaines à lélimination des eaux stagnantes, afin déliminer les gîtes à moustiques, aussi bien à domicile quen milieu professionnel. Il ny a quà cette condition que nous aurons la possibilité de ralentir la diffusion de lépidémie insistent les autorités sanitaires. Il est recommandé de consulter rapidement en cas dapparition de signes évocateurs de dengue (fièvre élevée brutale, douleurs articulaires, mal de tête). Les personnes susceptibles dêtre atteintes doivent impérativement être protégées des piqûres de moustiques pour éviter la dissémination de la maladie dans leur entourage. Répulsifs, moustiquaires et vêtements pour couvrir notamment les chevilles et les jambes sont à recommander surtout pour les jeunes enfants, les personnes âgées, mais aussi les immuno-dépressives.