« Cest lun ou lune qui est atteint(e) du diabète et, finalement, dune manière ou dune autre, cest toute la famille qui doit vivre avec. À chaque diabétique, à chaque famille, son histoire. Mais pour tous, des relations avec la maladie, pas toujours faciles à gérer. Dans la famille diabétique, je demande les proches « Ma soeur sest mise en retrait, car elle voyait que mes parents étaient trop sur moi, mais elle avait toujours son côté punchy pour me rassurer. Ma mère était très à lécoute. Mon père, très renfermé.» Le diabète a surgi dans lexistence de Stéphanie Valet à lautomne 1992. Elle avait alors 14 ans. Pour elle, la nouvelle eu leffet dune bombe. Pour sa famille, également. « Cétait le choc », raconte Florence, la soeur aînée de Stéphanie.
« Lorsque jai vu ma mère sécrouler, jai compris que cétait grave ». « Le ciel nous est tombé sur la tête », dit Michel, le père. « Ma femme avait une de ses soeurs diabétique. Nous savions ce qui nous attendait ». DEUX EN UN Cest avec des soins quotidiens, des contraintes alimentaires, une vigilance constante et le « dia-blotin » quelle porte en elle, que Stéphanie va devoir apprendre à vivre. Cest avec un enfant, une soeur, une adolescente devenue diabétique que sa famille va devoir vivre. Et, à sa place, chacun doit gérer la maladie. « Jai tout eu : la colère, le ras-le bol, la rébellion » confie Stéphanie. « Cétait une ado », se rappelle Florence. « Comme tous les ados, elle avait envie dindépendance et quon soccupe delle ». Une ambivalence standard encore renforcée par la présence de la maladie. « Je voulais être comme tout le monde, mais je ne létais pas », précise Stéphanie. « Ça magaçait que mon père soit derrière moi. Je lui disais, je préfère me débrouiller toute seule. Jai tout pris sur moi. Javais un caractère assez fort. Je ne voulais pas quon massiste ». Michel confirme : « nous étions aux aguets. Nous vivions dans la crainte. Nous étions surprotecteurs ». « À la maison, cétait une ambiance assez pesante », appuie Florence. De fait, on a beau tâcher de faire de son mieux, pas facile de se comprendre, de communiquer. « Le diabète ne se partage pas. Tant quon nest pas dedans, on ne peut pas se rendre compte », affirme Stéphanie. « Il ny a que la personne avec qui on vit qui peut le comprendre. Parce quelle est là quand on se pique, quand on a des hypo ; quand on doit aller chez le diabétologue, au laboratoire, à lhôpital ». Puis elle ajoute : « mais, même avec son ami, il y a une partie qui nest quà soi et que nul ne peut comprendre. Au fond de moi-même je suis 2. Et le couple, cest un trio ». QCM Renvoyant à de lincommunicable, le diabète remue également des sentiments, pas toujours faciles à partager. « Je me suis dit pourquoi moi ? », reconnaît ainsi Stéphanie. « Ma soeur, elle, elle mange plein de sucre. Pas moi. Et pourtant, cest moi qui lai ». Florence de son côté, sest évidemment demandée « Pourquoi elle et pas moi ? » Quant à Michel, il continue de se poser la question : « Est-ce notre faute ? ». Stéphanie a essayé de les déculpabiliser. « Je leur ai dit que ce nétait la faute de personne, quil ne servait à rien de sen vouloir. Que cétait la faute du destin » Il nempêche. « Jaurais préféré que ce soit moi qui laie, plutôt que ma gamine », conclut Michel. TRAVAIL DE PROXIMITÉ Sentiments dinjustice, sentiments de culpabilité Le diabète joue avec les cordes sensibles de celui qui en est atteint, comme avec celles de ses proches. Chacun compose avec. Certains traînent leur blues. Beaucoup ne savent pas trop sur quel pied danser Les familles qui, comme les Valet, sont touchées par le diabète, doivent se débrouiller, sans trop pouvoir se faire aider. « Il mest arrivé de voir des parents totalement abattus ou complètement affolés », témoigne René Hulin, diabétique et bénévole à lAFD. « Il y a un travail psychologique à mener avec les proches. Auteur dateliers éducatifs sur le thème « vivre avec le diabète dun proche », il affirme que « pour vraiment aider, il faudrait pouvoir être moralement diabétique ». Jouant souvent le médiateur entre parents et enfants, il soutient que « les parents ont besoin de formation et dinformation. Pour aider son enfant et saider soi-même, il faut connaître, il faut comprendre la maladie dans tous ses aspects, dans toutes ses dimensions et ses implications ». Maladie au long cours nécessitant une prise en charge quotidienne et une stricte hygiène de vie, le diabète demande dêtre géré, équilibré. Il en va de même pour les relations entre le diabétique et ses proches. Le diabétique doit apprendre à vivre avec son diabète. Les proches doivent apprendre à vivre avec leur diabétique. Dun côté, il y a des protocoles pour y parvenir ; de lautre, il ny a pas vraiment de recette. Et si les diabétiques réclament la meilleure prise en charge possible pour eux, il ne faudrait pas oublier de donner à leur proche le petit coup de main dont ils peuvent avoir besoin ».
Diabète et personnes âgées ÉTAT DES LIEUX Rédaction : Renaud Alberny Coordination : Eva Pulcinelli Surveillance rapprochée Isolement, difficultés pour se déplacer, faiblesse des revenus Laccès aux soins nest pas toujours très évident pour les personnes âgées. Or, peut-être ne le sait-on pas assez, mais le diabète requiert une prise en charge, une surveillance, une vigilance quotidienne, pas toujours RAYON DIABÈTE,
ADOLESCENCE ET VIE DE FAMILLE Stéphanie Valet a publié en 2005 aux éditions de lAFD « Diabète pour la vie », un récit au cours duquel elle propose au lecteur de découvrir sa cohabitation avec le diabète « qui ne se fit pas sans heurts, mais qui je le pense, ma rendue plus forte ». Librairie de lAFD : 01 40 09 47 06 email c.unterwald@afd.asso.fr Prix : 12 euros.
Sources : chronique d’un diabète association française des diabétiques.