En 2001, une circulaire relative à la restauration est parvenue à tous les établissements scolaires. Son objectif : améliorer la qualité nutritionnelle, léquilibre des repas et la sécurité alimentaire. Quatre ans plus tard, lAgence française de sécurité sanitaire des aliments (AFSSA) a lancé une grande enquête nationale pour évaluer son application dans les établissements publics du second degré. Si la sécurité sanitaire paraît largement assurée, la nutrition reste encore peu prise en compte et ce à tous les niveaux : exigences dans les cahiers des charges, contrôle des menus, formation des personnels, information des élèves Mille deux cents établissements scolaires, représentatifs des collèges et lycées nationaux, ont reçu un questionnaire afin dévaluer lapplication de la circulaire sur la restauration. Les premiers résultats de lenquête, qui viennent dêtre publiés par lAFSSA, portent sur 784 établissements, représentant plus de 415 000 élèves du second degré et plus de 260 000 demi-pensionnaires.
Premier constat : les établissements ne connaissent pas tous la circulaire et ceux qui la connaissent ne lont pas forcément transmise au personnel de la restauration En effet, quatre ans après sa parution, environ un établissement sur deux déclare avoir pris des mesures pour appliquer la circulaire, tandis quun peu plus dun établissement sur 10 avoue ne pas la connaître. Les autres établissements connaissent la circulaire, mais nont pas encore mis en place ses recommandations. Parmi les freins à lapplication de la circulaire, le manque de moyens financiers, de formation du personnel et de moyens humains sont largement invoqués. Les autres freins concernent la difficulté à modifier les habitudes alimentaires des élèves et le manque de temps à consacrer à lapplication de la circulaire.
Elaboration des menus et achat des produits.
Lélaboration des menus relève en majorité du cuisinier, seul ou aidé du gestionnaire. La présence dune commission de restauration scolaire est plus fréquente lorsque létablissement dispose dun internat. Ces commissions comprennent dans les 2/3 des cas au moins un représentant des personnels de santé, mais la présence dun spécialiste de la nutrition y est encore très rare (inférieure à 8 %). La prise en compte de critères nutritionnels dans les cahiers des charges des matières premières est sensiblement augmentée en présence dune commission de restauration scolaire et/ou lorsque le responsable des achats a reçu une formation en nutrition. Le choix des matières premières repose principalement sur leur prix, puis sur leur composition nutritionnelle et leur qualité organoleptique. Le menu unique reste majoritaire dans les collèges et les lycées agricoles professionnels, alors quil est présent dans moins du quart des lycées généraux et technologiques.
Une circulaire ? Quelle circulaire ?
Lorsquun choix multiple est proposé aux élèves, la moitié des collèges a recours aux choix dirigés, contre un tiers des lycées. Le coût moyen des matières premières dun repas est plus élevé pour les établissements qui proposent des menus de type « libre choix ». Parmi les recommandations de la circulaire, linscription de léquilibre alimentaire dans le projet détablissement na été réalisée que par 34 % des établissements. Lutilisation de la grille de fréquence de présentation des aliments est aussi loin dêtre généralisée : seulement un quart des établissements déclare lutiliser systématiquement. Toutefois, parmi les établissements qui connaissent la circulaire et qui lont transmise pour application, 86 % lutilisent « souvent » ou « toujours ». Les recommandations de grammages pour les portions servies semblent mieux appliquées : 86 % les appliquent systématiquement ou « souvent ». Lapplication déclarée de la circulaire constitue également un facteur favorable à lutilisation des grammages recommandés.
Formation et suivi médical du personnel de la restauration scolaire
Il existe un plan de formation globale du personnel de la restauration scolaire dans moins dun établissement sur deux. Parmi les thématiques les plus souvent envisagées lors de ces formations, celles relatives à lhygiène et à la sécurité sanitaire sont majoritaires par rapport à celles qui sont relatives à la nutrition. Ainsi, parmi les trois thématiques abordées le plus souvent, la méthode HACCP est citée par 93 % des établissements, celles relatives aux bonnes pratiques dhygiène par 62 %, alors que les besoins nutritionnels et léquilibre alimentaire ne sont cités que par 24 % des établissements. Les personnels manipulant des denrées alimentaires sont soumis à un suivi médical annuel dans 72 % des établissements scolaires et dans 96 % des établissements agricoles. Ces proportions sont plus élevées lorsque les gestionnaires connaissent la circulaire.
Éducation nutritionnelle et éveil au goût
Dans 20 % des établissements, des informations nutritionnelles sont à la disposition des élèves lors des repas. Près de 36 % des établissements proposent une animation autour de lalimentation au moins une fois par trimestre. Cette proportion est nettement plus importante dans les lycées agricoles (54 %), ainsi que dans les établissements qui déclarent appliquer la circulaire et dans ceux dont la cuisine est autonome. « La cuisine internationale » est le plus fréquent des thèmes abordés (72 %), devant la cuisine régionale française (62 %) et les saveurs particulières (37 %). La cuisine régionale et lalimentation biologique sont plus souvent abordées dans les établissements agricoles, alors que les animations autour de la nutrition et de léquilibre alimentaire y sont moins fréquentes.
Accueil des enfants nécessitant une alimentation spécifique
Près de 46 % des établissements déclarent avoir mis en place au moins un projet daccueil individualisé : 68 % lont fait pour un problème dallergie, 24 % pour un problème dintolérance alimentaire, 40 % pour un problème de diabète, 6 % pour un problème de surpoids ou dobésité et 3 % pour la maladie de Crohn.
Respect des règles sanitaires
Les exigences en termes de garantie dorigine et de traçabilité des produits sont quasiment systématiques (97 %), quel que soit le type détablissement scolaire. Environ 57 % des établissements ont mis en place lensemble des mesures permettant de respecter le niveau de sécurité sanitaire réglementaire (plan nettoyage désinfection, bonnes pratiques dhygiène, plan danalyse des dangers, plan dautocontrôle des produits finis et plan dautocontrôle des températures), 39 % ont mis en place au moins une des deux mesures relatives à lhygiène et au moins un des deux plans dautocontrôle. Il existe un suivi de la traçabilité dans 90 % des restaurants ; il se fait essentiellement par la connaissance des fournisseurs.
En conclusion
Quatre ans après sa parution, environ un établissement sur deux semble avoir pris des mesures pour appliquer la circulaire du 25 juin 2001. Si la mise en place des mesures de sécurité sanitaire apparaît quasiment systématique, les mesures relatives à la qualité nutritionnelle et à léquilibre nutritionnel des repas sont encore trop peu adoptées. Un quart des établissements nutilise jamais ou presque les recommandations de fréquence de service des aliments. La poursuite des analyses, et notamment celle des menus servis par les restaurants scolaires, permettra de confirmer ou non ces premiers résultats.
Pour en savoir plus : www.afssa.fr
Sources : Cerin