La Haute Autorité de Santé publie en partenariat avec lAFDAS-TCA* des recommandations de bonne pratique autour de la prise en charge de lanorexie mentale, trouble du comportement alimentaire dorigine multifactorielle qui touche plus particulièrement les adolescentes et les jeunes femmes ainsi que certaines populations (mannequins, danseurs ou sportifs). Un diagnostic tardif et une prise en charge initiale inadaptée peuvent entraîner des conséquences graves. Le rôle de chaque professionnel de santé (généralistes, pédiatres et psychiatres notamment) est primordial à chacune de ces étapes de la prise en charge.
Une vigilance accrue pour un meilleur repérage
Plus le repérage de lanorexie mentale est précoce, plus il est possible de prévenir le risque dévolution vers une forme chronique et des complications somatiques, psychiatriques ou psychosociales. Le repérage contribue aussi à conforter la relation de confiance entre le patient et son médecin et à faciliter linstauration dune alliance thérapeutique avec le patient ainsi quavec son entourage. Des signes évocateurs, tels que le ralentissement de la croissance, laménorrhée chez ladolescente, la perte de poids supérieure à 15%, etc., ainsi que des questions simples à poser, permettent de repérer les personnes à risque.
Les premiers soins de la prise en charge primordiaux
Il est recommandé que toute prise en charge dun patient atteint danorexie mentale soit faite initialement en ambulatoire, sauf en cas durgence somatique ou psychiatrique. Une fois le diagnostic posé, la prise en charge est multidisciplinaire ; elle fera intervenir au minimum un psychiatre, pédopsychiatre ou psychologue et un somaticien : médecin généraliste ou pédiatre. La coordination des soins sera assurée par une personne qui aura été déterminée en fonction de la situation du patient (de son âge, lévolution de la maladie, son choix, etc.), mais aussi de lexpérience et la disponibilité de cet intervenant.
La maladie devra être évaluée au début de cette prise en charge afin den déterminer la gravité, puis sera évaluée au moins mensuellement et plus fréquemment si létat du patient est fluctuant et évolutif.
Plusieurs objectifs seront fixés avec le patient dans le cadre de lalliance thérapeutique :
un objectif de poids à atteindre ;
des objectifs de soins psychologiques individuels et familiaux. Les formes de psychothérapie les plus usuelles sont les thérapies de soutien, la psychothérapie psychodynamique, les thérapies comportementales et cognitivo-comportementales et les thérapies systémiques et stratégiques. Les thérapies familiales sont recommandées pour les enfants et adolescents.
Il est recommandé de prolonger ces thérapies au moins 1 an après une amélioration clinique significative.
Lhospitalisation à temps plein pas automatique
Lhospitalisation à temps plein se décide au cas par cas, à la fois sur des critères médicaux, psychiatriques et environnementaux. Un tableau regroupant tous ces critères a été établi afin daider les professionnels de santé à poser un diagnostic dhospitalisation à temps plein. Celui-ci est construit en trois parties et pour deux populations différentes : lenfant et ladolescent ou ladulte. Lhospitalisation ne repose pas sur un seul critère mais sur leur association et leur évolutivité. Ces critères peuvent être :
somatiques : perte de poids rapide, élévation de la créatinine, acétonurie, hypoglycémie, etc.
psychiatriques : par exemple risque suicidaire, abus de substances, conduites de purge ou échec antérieur dune prise en charge en ambulatoire, etc.
environnementaux : problèmes familiaux, pas de traitement en ambulatoire possible, etc.
Des documents dinformation mis a la disposition des patients et de leur famille
Par ailleurs, deux fiches destinées à lentourage et aux patients sont disponibles. Celles-ci résument les principales informations que chacun doit retenir : quest ce quun trouble du comportement alimentaire, comment le repérer, que faire, en guérit-on ? Les fiches de synthèse médecin seront diffusées très prochainement par courrier à environ 100 000 médecins généralistes et médecins de prévention (médecins scolaires notamment). Elles seront accompagnées dune information concernant les fiches patients également disponibles consultables, téléchargeables et imprimables à partir du site de la HAS.
Enfin, ces recommandations pourront être suivies dautres travaux, notamment sur la prise en charge de la boulimie.
Documents consultables sur www.has-sante.fr
* Association Française pour le Développement des Approches Spécialisées des Troubles du Comportement Alimentaire