Le Professeur Michel Slama, du service de réanimation et néphrologie du centre hospitalier universitaire dAmiens, est spécialiste de léchocardiographie en réanimation médicale. Il apporte sa connaissance dexperts à ses confrères. Actuellement en mission en Polynésie française, il intervient dans le service de réanimation médicale du centre hospitalier de Papeete dirigé par le docteur Eric Bonnieux. Lusage de léchocardiographie nest plus lapanage des cardiologues. Depuis une dizaine dannées, les médecins réanimateurs lutilisent. « Les Français ont été les précurseurs dans lutilisation de léchocardiographie en réanimation médicale », assure le professeur Slama. Outil de diagnostic et monitoring des insuffisances circulatoires et respiratoires, lécho a même supplanté le très intrusif cathétérisme (1) cardiaque. La technique a été développée pour cet usage spécifique. Aujourdhui, la réalisation d’échocardiographies transthoraciques et transoesophagiennes est devenue systématique.
Un examen non invasif
Contrairement au cathéter où lon devait pénétrer une veine, léchocardiographie est non invasive (cet examen utilise la réflexion des ultrasons), elle permet de fabriquer une image, de décrypter et dinterpréter rapidement ce que lon voit sur lécran». Réaliser un diagnostic avec cette technique nécessite de la maîtriser. La formation initiale est de deux ans, on distingue trois niveaux de connaissance. Michel Slama a acquis une expertise et une expérience importante dans ce domaine lui permettant danimer des cours théoriques tout en accompagnant les médecins dans la pratique. Eric Bonnieux, le responsable du service réanimation de l’hôpital de Tahiti, a apprécié cette collaboration : « Contrairement à la métropole, nous ne pouvons pas nous rendre dans des colloques pour enrichir nos connaissances, nous améliorer dans de nouvelles techniques, alors nous faisons venir des experts dans le cadre de la formation continue, cest très important ».
(1) Cathétérisme : introduction dun cathéter (une sonde) dans un conduit ou une cavité en vue dune diagnostic.
En Outre mer, le turn-over des effectifs est une difficulté supplémentaire
La réanimation est lun des plus importants services du centre hospitalier de Polynésie française, 70 personnes dont 10 médecins, 30 infirmiers et de nombreux aides soignants. Localement, pas de réelle spécificité, si ce nest la présence de diabète et dobésité chez une population jeune. « Cest vrai, ici on est confrontés à une prise charge de patient de 15 ans en moyenne plus jeunes quen métropole » reconnaît Eric Bonnieux. Des patients plus « jeunes », et des pathologies toujours très lourdes. En Outre-mer, les services hospitaliers sont confrontés au turn-over des équipes, 40% des effectifs chaque année. Une difficulté supplémentaire pour gérer des services hospitaliers sous pression. Les DOM-TOM n’échappent pas aux difficultés de recrutements des spécialistes et au manque crucial de lits. Eric Bonnieux, le responsable du service réanimation au CHT Mamao, a hâte dintégrer le nouvel hôpital. «Nous avons un taux de remplissage très important et nos seize lits ne suffisent pas. En mai, nous avons été contraints dinstaller six lits dans la salle de réveil du bloc. Nous sommes les seuls à faire de la réanimation sur tout le territoire. Ce nest pas un service « rentable » alors le privé nen fait pas. Dans le nouvel hôpital, nous aurons 24 lits ».