« La maladie de la ‘’vache folleÂ’Â’ pourrait-elle se déclarer chez lÂ’homme 50 ans après avoir consommé de la viande de bœuf contaminée par le prion responsable de lÂ’ESB? CÂ’est une éventualité à ne pas négliger, selon le Pr John Collinge et ses collègues, qui ont constaté que la période dÂ’incubation pouvait être très longue pour une autre maladie à prions qui affecte lÂ’homme, le kuru. Liée à une pratique cannibale –la consommation des corps de membres de la famille décédés- le kuru est la seule épidémie connue due au prion chez lÂ’homme. Elle était très répandue dans certaines tribus de Papouasie-Nouvelle Guinée jusquÂ’Ã ce que les autorités australiennes interdisent ces pratiques dans les années 50.
Sachant que les infections se sont toutes produites avant 1960, il est mathématiquement facile dÂ’estimer la période dÂ’incubation du kuru. Restait à trouver les patients. DÂ’intenses recherches menées sur le terrain ont permis à John Collinge et à son équipe dÂ’en identifier onze, nés entre 1933 et 1949. La période minimale dÂ’incubation est estimée entre 34 et 41 ans, cependant, pour les hommes, elle s’étend jusquÂ’Ã 56 ans. Ces travaux sont publiés aujourd’hui par la revue The Lancet. Peut-on extrapoler ces résultats à lÂ’ESB et à sa forme humaine, le nouveau variant de la maladie de Creutzfeldt-Jakob (vMCJ), et en conclure quÂ’une nouvelle vague de cas pourrait apparaître dans quelques années? Les auteurs restent prudents mais suggèrent que les modèles épidémiques prennent en compte de cette capacité dÂ’incubation dÂ’un demi-siècle ».
Extrait d’un article de Cécile Dumas, publié sur le site NouvelObS.