La grippe aviaire, également appelée « grippe du poulet » est une infection par un virus grippal qui peut toucher toutes les espèces doiseaux. Elle peut être fortement contagieuse, surtout chez les volailles. Le virus influenza aviaire peut aussi infecter dautres espèces animales comme le porc et autres mammifères. Les symptômes sont les mêmes que la grippe humaine, une forte fièvre, une toux qui, au début, peut être sèche. Lincubation est courte, quelques jours. Il faut consulter dans les 48h. Cette pandémie a déjà fait 45 victimes en Asie du Sud-Est depuis un an. Après deux cas de suspicion de transmission interhumaine du virus, lOMS appelle à la vigilance.
«La mobilisation en faveur des victimes du Tsunami ne doit pas faire oublier lépizootie de grippe aviaire qui sévit actuellement en Asie du Sud-Est, déclare Olivier Patey*, chef du service des maladies infectieuses au CHIV. Le Vietnam, notamment, a besoin dêtre aidé financièrement dans sa lutte contre ce virus». Ce pays pauvre subit de plein fouet limpact économique des abattages de volailles qui surviennent depuis un an. Les éleveurs ne sont pas indemnisés, cest pourquoi nombre dentre eux cachent des volatiles. Outre la perte financière pour léconomie locale, ces abattages massifs posent également un problème de survie de la population. Cette viande est un produit de grande consommation en Asie du Sud-Est.
Labattage des volatiles, une nécessité
La Thaïlande est un pays riche. Le gouvernement a donc eu les moyens de mettre en place une grande campagne de contrôle de 5,5 millions de canards. Il a abattu ou déplacé un million de ces animaux et détruit quatre millions d’ufs. La Thaïlande envisage de poursuivre sur cette voie en abattant quelque 2,7 millions de canards élevés en plein air afin d’empêcher tout déclenchement de la grippe aviaire et d’éradiquer le virus du pays.
Une mesure qui a porté ses fruits puisquaucun cas de malade infecté par le virus de la grippe aviaire na été déclaré depuis le début de lannée 2005. Malgré cette bonne nouvelle, le gouvernement thaïlandais reste en état dalerte. Des experts sont présents sur le terrain pour surveiller les provinces à risques. Les autorités se disent prêtes à engager une campagne massive de vaccination des volatiles en cas de retour de lépidémie sur son territoire.
Aujourdhui, la hantise des autorités est la survenue dune épidémie aussi meurtrière que la grippe espagnole en 1918. «Plus nous avons des contaminations fréquentes des volatiles, plus le risque est élevé que le virus mute et ne devienne plus contagieux et quil se répande plus facilement chez les humains, a déclaré un représentant de lorganisation mondiale de la santé (OMS) au Vietnam. La possibilité démergence dun nouveau virus ne doit pas être sous-estimée, la co-circulation de virus humains et aviaires constitue un facteur sérieux, selon lOMS. Le Cambodge jusquici épargné a confirmé la semaine dernière quune femme de 25 ans était la première victime cambodgienne de la grippe aviaire.
Aucun cas humain durant la fête du Têt
Au Vietnam, les festivités de la semaine du Têt (Nouvel an) étaient redoutées par les autorités. A cette période de lannée, le transport et la vente de volailles explosent car la tradition veut que les convives dégustent des morceaux de poulets bouillis. Les festivités se sont terminées dimanche et, visiblement, aucun nouveau cas humain de grippe aviaire na été signalé. Sur les 34 provinces qui ont connu des cas depuis la fin décembre, sept n’ont enregistré aucun foyer depuis plus de 21 jours. Environ 1,5 million de volailles ont été détruites depuis fin décembre 2004. En ce début 2005, la grippe aviaire marque donc le pas, mais léradication du virus nest pas pour demain.
Une transmission interhumaine ?
Fin décembre 2004, une possibilité dune transmission interhumaine du virus de la grippe aviaire au Vietnam et en Thaïlande a été évoquée dans la presse. Dans les deux cas, les malades ont été en contacts étroits et répétés avec des proches atteints par le virus. La prudence est donc toujours de mise dans les 64 provinces actuellement confrontées à des foyers de contamination. «Le voyageur ne devra en aucune façon se rendre sur les marchés ou sur les lieux où lon trouve des animaux (poulets, mais aussi porcs) vivants ou morts. Le port dun masque respiratoire est indispensable» affirme Olivier Patey. (NDLR lire interview « Grippe du poulet, les raisons d’avoir peur »). Le taux de mortalité des personnes infectées par le virus s’élève à 70%, il faut donc être prudent car même si des essais cliniques vont débuter ce mois-ci aux Etats-Unis, aucun vaccin ou traitement efficace n’existe à ce jour.
C.C.
Olivier Patey dirige le service des maladies infectieuses de lhôpital de Villeneuve-St-Georges. A ses côtés, une équipe de quatre spécialistes à plein temps. Le service dispose de cinquante lits et dune dizaine de places en hôpital de jour. Cest le seul hôpital du sud-francilien à être doté dun tel service, capable daccueillir des malades de la fièvre jaune… Et si le cas se présentait, de grippe aviaire !