L’ostéoporose est une maladie générale affectant le tissu osseux. Il s’agit d’une diminution de la masse osseuse et d’une altération de sa micro-architecture conduisant à une fragilité excessive de l’os. L’incidence de la maladie augmente avec l’âge. La maladie concerne 30 % des femmes entre 60 et 75 ans et 50 % après 75 ans. Chez les hommes de plus de 50 ans, environ 15 % de cas. Chez la femme, le déséquilibre hormonal lié à la ménopause est un accélérateur du phénomène. Un traitement hormonal substitutif est très souvent nécessaire pour recréer cet équilibre et lutter contre l’ostéoporose. Mais attention, cette maladie est multifactorielle : génétique, nutritionnel, mécanique et hormonal. Pour les hommes et les femmes, une bonne hygiène de vie est indispensable pour prévenir le mal. Le docteur Bernard Cristalli, président de l’association des gynécologues et obstétriciens libéraux, revient sur cette maladie et distille des consignes pour prendre soin de son capital osseux et prévenir l’ostéoporose… A la clé, un enjeu de taille, son autonomie !
Pourriez-vous définir ce qu’est l’ostéoporose ?
Docteur Cristalli : « L’ostéoporose est une résorption de la fixation du calcium sur l’os, du coup celui-ci se fragilise. Ce phénomène intervient avec l’âge, chez la femme, notamment en raison du dérèglement hormonal lié à la ménopause. L’os est un tissu vivant en perpétuel renouvellement grâce à deux types de cellules : les ostéoclastes, qui suppriment l’os ancien, et les ostéoblastes qui en fabriquent un nouveau. Normalement, les fibres de calcium se fixent sur l’os. Le phénomène de diminution du calcium dans l’os est multifactoriel : déterminisme hormonal, alimentation, exercice physique et exposition solaire. »
Comment dépiste-t-on une ostéoporose ?
D.C. : « Pour les femmes, la ménopause est un indicateur. Toutefois, comme le capital osseux est variable d’un individu à l’autre (antécédents familiaux, minceur excessive, etc.), on peut pratiquer un examen, un bilan de rhumatologie et/ou une ostéodensitométrie (voir article). Ainsi, le médecin évalue, en fonction de la densité osseuse du patient, l’attitude thérapeutique à adopter. Notre capital osseux doit être préservé, via un traitement hormonal substitutif (THS) pour certaines femmes, mais aussi et surtout pour tous par une bonne hygiène de vie ».
A quoi sert concrètement ce traitement ?
D. C. : « Il s’agit de prescrire à la femme ménopausée des hormones que son organisme ne fabrique plus : l’½strogène et la progestérone (cette dernière protège l’utérus de la première). L’utilisation simultanée des deux hormones crée un équilibre hormonal. En cas d’hystérectomie (ablation de l’utérus), les ½strogènes seuls sont prescrits. Ce traitement a beaucoup d’avantages : il réduit le risque de factures, d’infarctus et de tassement de vertèbres, et donc limite aussi le risque d’interventions médicales et par conséquent de décès des patients. Il a peu de contre-indications, si ce n’est un cancer du sein antérieur ».
Au-delà du traitement, que faut-il faire pour lutter contre l’ostéoporose ?
D.C. : « Premièrement, consommer des produits laitiers, des fruits et légumes frais et des aliments qui contiennent de la vitamine D (oeufs, foie de veau ou de morue, poissons gras), car elle est indispensable à la fixation du calcium sur les os. Lorsqu’on vieillit on a tendance à changer d’alimentation. Deuxièmement, il est utile de faire de l’exercice. La marche à pied est une bonne chose, elle permet d’entretenir son ossature en créant des microtraumatismes et une tension des segments. Enfin, troisièmement, il faut s’exposer au soleil. Car ce dernier aide aussi à la fixation de la vitamine D sur les os ».
Le soleil est donc bon pour la peau, c’est étonnant car généralement ne préconise-t-on pas de s’en protéger ?
D.C. : « Tout est question d’équilibre, il ne faut pas trop s’exposer, mais il ne faut pas non plus se cacher du soleil comme le font trop souvent les personnes âgées ».
Quelles sont les conséquences directes de l’ostéoporose ?
D.C. : « Une fragilisation extrême des os, source de fractures. Une augmentation des risques d’hospitalisation et d’interventions chirurgicales Chez les personnes âgées, ce type d’intervention accroît le risque de décès. »
Certaines patientes sont tentées d’arrêter ce traitement substitutif au bout de dix ans sous prétexte qu’il ferait grossir. Qu’en pensez-vous ?
D.B. : « Je pense que c’est une erreur. La ménopause est responsable de ses troubles. Elle provoque un dérèglement hormonal, crée des bouffées de chaleur, des sueurs. Elle induit également un risque cardio-vasculaire. Il faut comprendre que la ménopause est un cap important. Il n’y a plus de cycles hormonaux. La femme a tendance à prendre du poids. Sa silhouette change, car une répartition nouvelle des graisses s’effectue. Elle perd des hanches et s’élargie des épaules. Grâce au THS (traitement hormonal substitutif) on apporte à la femme les hormones dont elle a besoin ».
Certains cancers du sein sont décelés chez les femmes traitées. Y a-t-il une relation avec le traitement hormonal substitutif ?
D.B. : « Oui et non. En fait, les cancers du sein décelés chez environ 15 % des patientes traitées le sont uniquement parce qu’elles font l’objet d’un suivi médical. Ces femmes consultent souvent leur médecin. Elles passent chaque année une mammographie. Les tumeurs sont détectées plus tôt que chez les femmes qui ne se font pas suivre. Du coup, on peut les traiter plus rapidement et plus efficacement».
Propos recueillis par Claire Chunlaud
· Association française de lutte contre l’ostéoporose.
Tél. : 0800.579.015 (Numéro vert).