Cinq semaines d’attente pour une livraison de courses alimentaires chez Picard.fr à Paris, des rayons d’hypermarché clairsemés dès 11h en Dordogne, des approvisionnements menacés par des chauffeurs routiers prêts à lever le pied au titre du principe de précaution, des masques « providentiels » que les soignants, les policiers, les routiers, mais aussi les chauffeurs de bus (une grosse pensée pour ceux de la 91-001) justement… attendent toujours.
Quelle époque formidable !
Et pendant ce temps-là, tous les soirs le gouvernement par la voix du directeur de la santé égrène « ses » morts. Enfin, « ceux des hôpitaux », oui la précision est cruciale en pleine crise sanitaire. Elle est toute récente cette mention, elle date de quelques jours. Preuve -si besoin- que les chiffres sont tronqués tout à parfait parcellaires. Dans « cette » comptabilité morbide et glauque, sont exclus les victimes du Covid 19, morts chez eux ou en Ehpad.
Quelle époque formidable quand même !
A l’approche de la Fête des morts -célébrée le 5 avril- les Chinois se pressent pour récupérer les urnes funéraires de leurs défunts dans les sept crématoriums de Wuhan. Cinq milles urnes ont été livrées à chacun, soit 35 000 urnes au lendemain de la levée du confinement -partiel- dans la ville (qui date du 24/03/2020). Mais pourquoi donc autant d’urnes funéraires ? Ils sont pessimistes sur la fin de l’épidémie les Chinois ? Non ? Très prévoyants alors ! Depuis plusieurs jours, les Chinois attendent devant les crématoriums pour récupérer les cendres de leurs défunts, des files d’attente… de 500m. Etonnant car le chiffre officiel n’était-il pas de 2535 morts à Wuhan ? et de 3200 décès en tout dans le pays ? Bien moins qu’en Italie, comme aime le répéter les chaînes d’info depuis huit jours… Mais le discours change cette semaine. On parle de « doutes » sur les chiffres. Eh oui ce stock d’urnes livrées dans la précipitation surprend. Sur place, les langues commencent à se délier, des journalistes lanceurs d’alerte avancent des chiffres qui font froid dans le dos 40 000 voire même de 60 000 morts dans cette agglomération de 11 millions d’habitants… et plus d’1.2 million de morts dans tout le pays. Des chiffres tout aussi invérifiables.
Mais tout va bien, nous vivons une époque formidable…
Revenons en France. On passera sur le plan com du Président en Bretagne qui n’apporte rien à l’affaire pour revenir sur « l’actu du jour ». L’arrivée des masques, oui ils arrivent, tandis que sur le « front » je vous rappelle que nous sommes en guerre, les malades sont ventilés dans les hôpitaux de province, pour réduire la pression sur les établissements franciliens au bord de l’explosion. Oui Chers Cousins de Province, soyez tranquilles, restés chez vous, le Covid-19 arrive, livraison express en TGV !
Ne craignez rien, vous aussi vous aurez vos cas graves, vos services de réa surchargés, vos soignants exténués… Mais tout va bien, braves gens tout va bien. Chaque soir, vous ouvrirez vos fenêtres pour applaudir les courageux soignants. Ah que de belles personnes, quelle abnégation ! Mais qu’on les aime nos soignants, enfin à la télé, car pas trop près de chez nous quand même. Les petits « mots doux » laissés sur les pare-brises, glissés sous les portes de notre infirmière de voisine le stipulent clairement : « Pensez à nos enfants, déménagez ! » « Promenez votre chien plus loin », « Si vous pouviez éviter de mettre les mains sur les portes et les boutons d’ascenseur »… « Le plus sécurisant ne serait-il pas de vous loger ailleurs temporairement ? »…
Une époque formidable… On vous dit !
Allez une note positive quand même : les élans de générosité relatés sur les réseaux sociaux : livraisons de pains, pizza, repas… , mais aussi de dessins, de fleurs… aux soignants, aux pompiers, aux éboueurs, moins aux policiers qui pourtant sont sur le terrain sans masque ! Des initiatives de toute part, notamment de propriétaires de logements qui mettent à la disposition du personnel médical des hébergements près des établissement de soin. Des gestes de solidarité magnifiques qui émanent du privé, pas du public… Non de ce côté là, il faut être… patient ! Les soignants attendent toujours les masques, les produits anesthésiants, les respirateurs… Pour mener à bien leurs missions de service public. Mais tout va bien, tout est sous contrôle.
Cl. Chunlaud