Pourquoi est-ce qu’il y a une fréquence croissante de pose de prothèses de hanche et de genou. Pour le genou vous en posez près d’une centaine par an en Polynésie. À quoi cela correspond-t-il ?
Au vieillissement de la population. Il y a aussi des articulations ravagées par une usure prématurée, notamment chez les sportifs. Contrairement à ce que lon clame, le sport à outrance, la course, le footing, le foot… ne sont pas bons du tout pour les articulations. Le seul sport sans danger pour la santé et bon pour la forme, cest la natation. Le surpoids et l’obésité fragilisent également les os et les articulations. Il y a aussi des usures prématurées chez des patients atteints de épiphysiolyse (destruction de l’extrémité d’un os). Ici, on voit beaucoup de cas de fragilité des tissus, darthrosique lié à lhérédité de mère en fille.
Dans ces situations, il n’y a plus le choix, la prothèse est la seule option ?
Si les articulations sont usées, que la douleur est forte. Oui. Les résultats sont bons, car aujourdhui les techniques opératoires et les prothèses se sont améliorées. De plus, ce ne sont pas des opérations qui touchent les viscères, cest assez rapide, une heure. On pose un garrot sur le haut de la cuisse pour économiser le sang, on pose la prothèse, on teste la flexion au bloc et on referme. Au réveil, mécaniquement, ça tient.
Quel est le protocole à l’issue de l’opération ?
Les deux premiers jours au lit, car il faut éviter la chute. Et puis il peut y avoir des malaises d’hypotension. Mais techniquement on marche.
Pourquoi avoir décidé dopter pour de la chirurgie ambulatoire avec ces trois patientes ?
Ce choix se fait en accord avec le patient, lanesthésiste, le médecin traitant et le chirurgien. Ce nest pas possible pour tous les patients ni toutes les pathologies bien sûr. Cest bénéfique pour tout le monde et surtout pour le patient, il est chez lui, entouré des siens. Il mange bien, le moral est bon et on limite le risque dinfections nosocomiales. Cela nécessite de la part de léquipe médicale un gros investissement puisque lon se déplace à domicile. Le coût pour la Caisse est moins important que pour une hospitalisation avec hébergement. Lambulatoire cest lavenir. À Tahiti nous nen sommes quau début, dans les îles ce nest pas possible car il manque des personnels de santé pour la continuité des soins.
Si le patient a trop attendu pour se faire opérer est-ce que cela impact le résultat ?
Pas du tout, le résultat nen sera que plus spectaculaire. Car avec la prothèse, plus de douleur. Je me souviens dun patient qui était arrivé en fauteuil, dun côté il avait une amputation et de lautre il souffrait du genou. Il a eu une prothèse du genou, plus une prothèse du membre inférieur de lautre côté, et au bout de quinze jours après les opérations, il marchait.
Pouvez-nous nous décrire les étapes de la pose dune prothèse de genou ?
On ouvre le genou, on luxe la rotule face au genou. On évalue le gabarit de la prothèse dans le bloc. La radio nous donne des informations sur la taille, mais cest vraiment au bloc que cela se décide. On positionne la prothèse, en fait on la cimente sur los.
En quoi sont fabriquées les prothèses ?
En titane. Auparavant on utilisait des céramiques mais il y a eu des cas où elles se sont brisées avec des fragments dans le genou.
Cela doit sonner aux portiques métalliques dans les aéroports non ?
Oui, les patients opérés doivent en effet prendre sur eux une radiographie et un certificat du médecin pour prouver quils ont été opérés.
Propos recueillis par Claire Chunlaud