Pouvez-vous présenter l’établissement que vous dirigez ?
« La Clinique Mama’o de Papeete (ex-centre médical Mama’o rebaptisé depuis le 13/11/15, N.D.L.R.) existe depuis 15 ans. Nous proposons des soins et des interventions chirurgicales en ambulatoire c’est-à-dire réalisés en hospitalisation de jour, à l’issue desquels le patient repart chez lui le soir. Au niveau des spécialités, quatre orthopédistes du territoire opèrent chez nous, nous avons également une activité de gastro-entérologie (endoscopie digestive) et de pneumologie (endoscopie bronchique).
La Clinique occupe deux étages de 700 m2 chacun. Le premier étage réunit les cabinets de consultations : cardiologie, chirurgie dentaire, psychiatrie, médecine générale et gastro-entérologie. Au second étage, il y a le bloc opératoire et la salle de réveil de cinq postes mais qui passera d’ici la fin d’année à huit. L’unité d’hospitalisation de jour avec une salle de repos médicalisée de cinq « box ». L »unité d »hospitalisation comportera huit « box » et six chambres après les travaux prévus dans le 1er semestre de 2016. Au second étage, il y a également les cabinets de consultation d’orthopédie, une salle de radiologie et d’échographie, et un cabinet de kinésithérapie et ostéopathie ».
Lorsque vous avez ouvert il y a 15 ans, les deux autres cliniques fonctionnaient déjà, l’installation n’a pas été trop difficile ?
« Il a fallu faire notre place c’est vrai. Notre ambition à la création était clairement l’innovation. À l’époque, les deux cliniques et l’hôpital ne pratiquaient pas d’hospitalisation de jour. Pour nous, c’était l’avenir et nous voulions en faire une technique en première intention. Nous sommes aujourd’hui harmonieusement intégrés dans l’offre de soins. En France, l’hospitalisation de jour est un mode de prise en charge de premier plan il est source d’économies de santé pour les caisses, qui le préfèrent à l’hospitalisation complète lorsque c’est possible. Les patients l’apprécient également car ils peuvent rentrer chez eux le soir même. La chirurgie ambulatoire a un impact psychologique bien moindre. Enfin le risque d’infections nosocomiales est inférieur ».
Le groupement de cliniques programmé à Punaauia ne vous inquiète-t-il pas ?
« Non, ce regroupement de clinique est une activité différente de la nôtre. Nous ne nous inscrivons pas dans ce projet. Nous sommes un établissement de taille modeste, et nous avons une activité ambulatoire spécifique. On ne va pas en priver les patients de l’agglomération du grand Papeete ».

L’hospitalisation de jour est plus économique que l’hospitalisation traditionnelle en clinique ou à l’hôpital, est-il possible de faire un comparatif ?
« C’est un peu compliqué car les cliniques reçoivent des dotations globales. Mais pour prendre un exemple une réparation du ligament croisé antérieur coûte moins cher en ambulatoire (environ 386 euros la journée, N.D.L.R.) quun séjour de 3 à 5 jours d’hospitalisation complète (environ : 815 euros par jour multiplié par le nombre de jours d’hospitalisation, N.D.L.R.) ».
Vu l’état des comptes de la Caisse d’assurance maladie locale, la caisse devrait promouvoir ces pratiques pour les opérations qui le permettent bien sûr. Pourquoi ces soins ambulatoires ne sont pas plus pratiqués en Polynésie française ?
« Les techniques chirurgicales ne sont pas les mêmes. Le niveau d’exigence est supérieur en ambulatoire. On ne peut pas se reposer sur la prise en charge de l’hospitalisation complète. Par conséquent, l’ambulatoire nécessite une technique chirurgicale éprouvée et maîtrisée, et une technique anesthésique qui permette une récupération rapide. La Polynésie tente de rattraper son retard par rapport à la France, car d’année en année, le nombre d’hospitalisations de jour augmente. D’ailleurs, les cliniques adaptent leurs plateaux techniques pour répondre à cette évolution. Mais il nous reste des progrès à réaliser ».
En métropole si les soins ambulatoires sont si étendus c’est aussi que l’offre de soins à domicile est très développée, ce n’est pas du tout le cas à Tahiti ?
« C’est vrai, nous réfléchissons d’ailleurs à compléter nos soins ambulatoires par de l’hospitalisation à domicile (HAD), comme son nom l’indique il s’agit d’une hospitalisation à part entière -avec continuité des soins 24 heures/24- au domicile du patient. C’est une piste d’évolution naturelle de notre établissement, mais nous n’avons pas encore de garanties sur l’acceptation par le Territoire de notre demande d’hospitalisation à domicile. Contrairement aux travaux que nous réalisons actuellement de plein droit. Comme je le disais plus haut, nous allons augmenter la taille de notre salle de réveil de trois postes, et faire construire six chambres et huit « box » médicalisés. Nous connaissons aujourd’hui un phénomène de saturation de notre capacité d’accueil, et nos délais augmentent. Afin d’enrayer ce problème, l’extension permettra de prendre en charge plus de patients dans des qualités de confort supérieures, et avec une sécurité et une qualité des soins inégalées. Nous renouvelons également du matériel lourd, comme le respirateur d’anesthésie. Nous avons une politique volontariste d’investissement sur le plateau technique ».
Propos recueillis par Claire Chunlaud