
C’est une première en Polynésie française et c’est exceptionnel en métropole pour des prothèses du genou. En septembre et octobre 2015, trois patientes ont été opérées à la Clinique Mama’o de Papeete du genou en ambulatoire. Elles ont pu rentrer chez elles le soir même.
Elles font l’objet d’un suivi médical à domicile. La chirurgie ambulatoire constitue une alternative à l’hospitalisation avec hébergement. Elle nécessite un plateau technique de qualité et un suivi médical rigoureux.
Des patientes opérées pour des prothèses du genou qui n’ont pas dormi à l’hôpital, une première en Polynésie française pour ce type d’intervention. Elles ont été raccompagnées chez elles en ambulance en fin de journée. Depuis, elles font l’objet d’un suivi médical à domicile. En ce lundi midi, le docteur Belli quitte son cabinet de consultation en ville pour rejoindre Paea. Il vient prendre des nouvelles et contrôler que la convalescence de sa patiente opérée la semaine précédente se déroule normalement. Nichée dans un jardin parfaitement entretenu, fleuri et bien arboré de fruitiers, la maison de Georgette* (prénom d’emprunt) est simple mais confortable. Allongée sur un lit médicalisé, elle sourit au médecin. Les fenêtres sont largement ouvertes et le ventilateur ne cesse de tourner, mais la patiente est détendue. « C’est quand même plus sympa que les murs blancs d’une clinique. Regardez la vue sur ce magnifique jardin », s’exclame le docteur Charles Belli, chirurgien orthopédiste et traumatologue. « Je ne parle pas des plateaux repas… La nourriture est meilleure à la maison ! » La patiente opine du chef.
Les journées où elle était immobilisée à la clinique, elle connaît. La pose de sa première prothèse du genou à la jambe gauche en juillet avait été suivie d’une hospitalisation avec hébergement de six jours. Alors quand le docteur Belli lui a proposé pour la seconde prothèse du genou, une prise en charge à domicile, Georgette n’a pas hésité. Son opération s’est déroulée à la Clinique Mama’o (ex-centre médical Mama’o de Papeete) le mardi 3 novembre. Le soir même, elle s’est levée. « Mécaniquement, ça marche, explique le chirurgien qui depuis le début de l’année a déjà posé 91 prothèses de genou*, « mais pour éviter les chutes et les malaises d’hypotension, il est préférable de rester allongé au moins les deux premiers jours ».
Georgette est la troisième patiente du docteur Belli à avoir opté la chirurgie ambulatoire pour une prothèse du genou. « Il y a eu trois opérations de ce type depuis septembre pratiquées en ambulatoire à la Clinique Mama’o sur des patientes âgées de 60 à 75 ans », détaille le médecin
La décision de la chirurgie ambulatoire a été prise en concertation avec le patient, le médecin de famille et l’anesthésiste. « Ça demande un vrai investissement de l’équipe médicale car l’anesthésiste est venu au domicile des patientes ». Il y a des visites de kiné, d’infirmiers. Il y a un suivi avec le dossier médical. Tension, prescriptions d’antibiotiques, état de santé, tout est scrupuleusement noté à chaque visite comme à l’hôpital. Dans le foyer, peu de changement. De la place a été faite pour le lit médicalisé assez encombrant, mais le reste du mobilier n’a pas bougé. Le domicile n’est pas transformé en chambre d’hôpital. Dans deux semaines, on retirera les agrafes du genou de Georgette.
Il y a quelques années les prothèses du genou c’était quatre heures au bloc, une hospitalisation d’une semaine au moins, voire de trois semaines et de la rééducation, aujourd’hui avec l’évolution des techniques chirurgicales, c’est une intervention d’une heure avec une prise en charge en ambulatoire possible, la preuve nous venons d’en pratiquer trois de cette façon. À l’origine de ces interventions une collaboration étroite entre le docteur Belli et le staff médical de la Clinique Mama’o.
Si en métropole la chirurgie ambulatoire constitue une vraie alternative à l’hospitalisation avec hébergement, en Polynésie française elle n’en est qu’à ses balbutiements. Bien sûr, tous les actes ne peuvent pas être pratiqués en ambulatoire. Mais lorsque c’est possible c’est au bénéfice de tous. Le patient rentre chez lui le jour même et limite ainsi son exposition aux risques d’infections nosocomiales (en réduisant sa présence à l’hôpital ou à la clinique). La caisse d’assurance maladie économise des frais d’hospitalisation (les soins ambulatoires sont économiques car ils limitent la durée d’hospitalisation à douze heures).
Les établissements hospitaliers peuvent ainsi récupérer des lits pour des patients qui nécessitent une prise en charge hospitalière totale. On l’aura compris, les actes en ambulatoire participent à pérenniser les systèmes de soins tout en optimisant la convalescence des patients. Outre lévolution des techniques opératoires, le développement des soins ambulatoires en Polynésie française est freiné par l’absence d’un réseau de HAD pour Hospitalisation à domicile. C’est une organisation des soins médicaux et paramédicaux à domicile avec les professionnels et spécialistes, 24h sur 24, le temps que l’état de santé du patient s’améliore. La création de cette nouvelle offre hospitalière en Polynésie française pourrait se concrétiser, la Clinique Mama’o s’intéressant de près à ce dispositif.