Maladies infectieuses

Zika, quatre petites lettres qui font les gros titres des journaux en Polynésie française. Zika, un virus proche de celui de la dengue véhiculé par le même moustique (Aedes aegypti), fait trembler les autorités sanitaires locales. Il s’agit d’un arbovirus membre de la famille des Flaviviridae et du genre Flavivirus, responsable de la fièvre zika qui tire son nom d’une forêt en Ouganda où il a été identifié pour la première fois en 1947. Dans le Pacifique sud, seule l’île de Yap, en Micronésie, a été touchée en 2007. Une grande partie de la population a été frappée par ce virus, mais à l’époque ni hospitalisation, ni décès n’ont été recensés. D’ailleurs, lors des premiers cas dépistés, en octobre dernier, les autorités locales étaient très rassurantes sur la dangerosité du virus.

On expliquait « qu’aucune complication grave n’a été rapportée dans le monde » et qu’il fallait -comme pour la dengue- lutter massivement contre les gîtes à moustiques et se protéger. Depuis, la situation s’est aggravée. Les cas se sont multipliés. Un bébé de six mois a succombé à une dengue tandis que zika battait tous les records de contamination (35 000 cas recensés semaine 50). Fièvre, éruptions cutanées, démangeaisons, courbatures, état fébrile et céphalées, le tableau clinique est toujours le même et si, dans la majorité des cas, les patients reprennent des forces en quelques jours, des syndromes de Guillain-Barré (SGB)ont fait leur apparition. Déjà 20 cas de complications neurologiques, 14 diagnostiqués SGB dont 7 hospitalisations en réanimation et 3 en neurologie à l’hôpital de Tahiti.

Depuis le début de l’épidémie, le bureau de veille sanitaire locale insiste sur le fait « qu’il s’agit d’un virus peu connu, d’une maladie finalement peu décrite dans le monde ». Et si jusqu’ici les cas décrits n’évoquent que des symptômes légers, ce qui est le cas pour la majorité des gens, il y a un grand nombre d’inconnues et des complications étaient possibles. L’apparition de cas de syndrome Guillain-Barré pose là un problème de prise en charge particulière puisque cela fait appel à des soins hospitaliers, de la réanimation puis de la rééducation. Des traitements lourds pour un territoire qui ne dispose que d’une vingtaine de lits en réanimation.

La Dépêche, le journal local, décrit justement le cas de l’un de ces patients. Un homme de 47 ans, hospitalisé en réanimation depuis un mois à l’hôpital de Tahiti. Sa femme, interrogée par nos confrères, témoigne : « Le lundi, il m’a appelée pour me dire qu’il allait chez le médecin parce qu’il pensait avoir la dengue il avait mal aux articulations. On lui a donné du paracétamol. Le lendemain, il vomissait, le troisième jour il commençait à sentir des fourmillements dans les jambes jusqu’aux genoux. Il pouvait encore marcher mais en déséquilibre. Il avait du mal à sentir ses bras. Nous sommes allés aux urgences de Taravao. Sur place, on nous a dit que c’était comme ça la dengue et qu’il suffisait de prendre du paracétamol. Nous sommes quand même allés voir un autre médecin qui a diagnostiqué une grippe, mais c’était bizarre car même avec sa bouche, il avait un problème, il n’arrivait pratiquement plus à parler. Il nous a prescrit des antibiotiques et d’autres choses. Il les a pris, il ne vomissait plus. Sur place, ils ont diagnostiqué le syndrome de Guillain-Barré. Il a eu un tas d’examens, de prises de sang et de ponctions lombaires pour être sûr qu’il ne s’agissait pas d’une méningite. Le SGB a été confirmé. À ce moment-là, le mal était remonté jusqu’aux coudes et il ne pouvait plus du tout bouger les mains, ni parler. Ils ne savent si c’est à cause de la dengue ou du zika, mais d’après ses copains qui étaient avec lui, il avait plein de plaques sur le corps qui ont disparu en deux-trois jours. Après les urgences, il est parti en neurologie. Suite à cela, son appareil respiratoire a été attaqué, il ne pouvait plus respirer tout seul. Le vendredi, il a été placé en réanimation pour être placé sous assistance respiratoire. Il a été placé en coma artificiel pendant trois jours pour le soulager. Il a fait des traitements par injection pendant trois fois cinq jours. Ensuite, il a commencé à réussir à respirer par lui-même mais il fallu lui faire une trachéotomie pour l’aider. Aujourd’hui, il est conscient mais il ne peut toujours pas s’exprimer, ni bouger ses jambes et ses bras, mais ses mains commencent à réagir. Il peut juste bouger ses épaules et sa tête. Il peut nous répondre par oui ou par non. Il faudra d’abord qu’il respire par lui-même pour envisager une sortie, et après, il ira en rééducation. Il en a encore pour plusieurs semaines, voire plusieurs mois parce que le poumon a été touché. »

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