7/11/2010 – Sécurité routière : publication dune étude française permettant didentifier et de quantifier le risque daccident lié à la consommation de médicaments – Communiqué
Communiqué – Une étude visant à évaluer limpact de la consommation de médicaments sur le risque daccident vient dêtre publiée dans la revue PLoS Medicine. Issue dun partenariat de recherche entre plusieurs institutions françaises, cette étude de grande envergure a permis, pour la première fois, de cerner la part des accidents de la route qui peut être attribuée à la prise de médicaments.
Ces résultats confirment également la pertinence de la classification mise en place en 2005 sur la base des travaux de lAfssaps, les médicaments les plus dangereux étant signalés à lusager par un pictogramme de couleur orangé (niveau 2) ou rouge (niveau 3).
Certains médicaments peuvent avoir un retentissement sur les capacités de conduite de manières diverses : le plus souvent du fait dune somnolence, mais aussi de modifications du comportement, de vertiges, de troubles de la coordination, de troubles de la vue Dans le cadre de la démarche de prévention entreprise en 2003 par les autorités de santé, lAgence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) a mis au point un système dinformation des usagers sous forme de trois pictogrammes (03/06/2008) (116 ko) allant du niveau de risque 1 au niveau 3 ; ceci, sur la base des effets identifiés au cours des études expérimentales, cliniques et dans les données de pharmacovigilance.
Toutefois, les données épidémiologiques sur ce risque sont quasiment inexistantes. Comparativement à dautres produits susceptibles daltérer les capacités de conduite (alcool, drogues illicites), le rôle des médicaments est plus difficile à étudier du fait de la grande diversité des substances quils contiennent.
Pour pallier ces difficultés, les principaux acteurs institutionnels concernés se sont rapprochés pour mettre en place une grande étude (Cesir-A) coordonnée par léquipe Inserm « Prévention et Prise en Charge des Traumatismes ». Lobjectif est détudier le risque daccident lié aux médicaments, en mettant en regard les données de remboursement des médicaments de lAssurance Maladie avec celles sur les accidents de la circulation recueillies par les forces de lordre. Cette étude est le fruit dune collaboration entre lAfssaps, lInstitut national de la santé et la recherche médicale (Inserm), la Caisse Nationale dAssurance Maladie des Travailleurs Salariés (CNAMTS) et lInstitut National de Recherche sur les Transports et leur Sécurité (INRETS).
Il sagit de la plus importante étude menée à ce jour avec plus de 70 000 conducteurs, impliqués dans un accident corporel sur une période de 3 ans (2005 à 2008). Cest aussi la première étude de ce type qui permette de comparer les consommations de médicaments chez les conducteurs responsables et non responsables daccidents.
Les résultats montrent :
que la prise de médicaments comportant un pictogramme de niveau 2 ou de niveau 3 est associée à une augmentation significative du risque d’être responsable d’un accident,
que ce risque augmente avec le nombre de ces médicaments potentiellement dangereux consommés,
que la proportion d’accidents de la route qui leur est attribuable est estimée à environ 3 %.
Outre son apport à une meilleure connaissance de laccidentologie liée au médicament, létude montre la pertinence de la classification élaborée par lAfssaps en 2005. En effet, les médicaments de niveau 1, bien quayant des effets reconnus comme pouvant retentir sur les capacités de conduite, nont pas, en pratique, dincidence sur laccidentologie. Le risque principal provient bien des médicaments de niveau 2 et de niveau 3 : ce sont essentiellement des anxiolytiques, des hypnotiques, des antiépileptiques et des antidépresseurs. Ceci confirme quil est indispensable que les patients, amenés à prendre ce type de médicaments, respectent les messages de bon usage qui accompagnent les pictogrammes correspondants.
Accès à larticle dans PLoS Medicine
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1 Equipe Avenir prévention et prise en charge des traumatismes, Centre de recherche INSERM U897 « Epidémiologie et Biostatistiques », Institut de Santé Publique dEpidémiologie et de Développement (ISPED), Université Victor Segalen Bordeaux 2, France
2 Service de lévaluation, de la surveillance du risque et de linformation sur le médicament, Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps), Saint-Denis, France
3 Université de Lyon, Lyon France
4 INRETS, Umrestte, UMR T 9405, Bron, France
5 Service dinformation médicale, CHU de Bordeaux, France