
Deux mois se sont écoulés depuis le début de l’épidémie de dengue en Nouvelle-Calédonie et déjà trois victimes, trois femmes sans antécédent médical. Une réalité inquiétante qui défie les statistiques de mortalité attribuées à cette pathologie grave mais bénigne dans 99 % des cas. Depuis le 5 janvier, 1200 cas de dengue, 7% des cas ont nécessité une hospitalisation et trois malades sont décédées. Les services sanitaires du Caillou sont en ordre de bataille, le nouvel hôpital Médipôle a ouvert cette semaine une unité de soins dédiée. La gravité des cas pose beaucoup de questions, les autorités sanitaires locales se sont rapprochées de leurs homologues de Tahiti pour tenter de comprendre les raisons d’une telle gravité. A Nouméa, Jean-Paul Grangeon, directeur adjoint de la Direction des affaires sanitaires et sociales a confié à nos confrères des Nouvelles-Calédoniennes : « Nous avons plusieurs hypothèses. Par exemple : est-ce qu’avoir été touché par le zika peut entraîner plus de complications lorsque l’on est atteint par la dengue ensuite ? »
La guérison d’un zika entraînerait-elle un risque accru de développer une dengue sévère ? Sur le même principe que la guérison d’un sérotype de dengue qui -si elle induit une immunité à vie de ce sérotype- accroît les risques de dengue sévère en cas d’infection ultérieure par l’un des trois autres sérotypes ? Une hypothèse qui -si elle est avérée- est extrêmement inquiétante pour ces populations ultramarines touchées par les deux virus. A Nouméa, le zika coexiste avec trois sérotypes de dengue (lire notre sujet sur l’épidémie ici).
Le gouvernement local et la province sud ont, selon nos confrères des Nouvelles-Calédoniennes, débloqués la somme de 505 000 euros. La population est invitée plus que jamais à dégîter et à se protéger. La saison des pluies se poursuit jusqu’en juin, l’épidémie n’en est donc qu’à ses débuts et les autorités sanitaires locales craignent une explosion des cas dans les prochaines semaines.