« Une fois que le tympan est fermé, il est aussi résistant qu’avant »
Quand pratiquer une tympanoplastie ?
« Tout tympan perforé doit être refermé. Mais, il faut prendre des précautions, il n’y a pas d’urgence à opérer. Dans 80% des cas, la perforation récente se cicatrise naturellement ; mais, il y a toujours une surveillance médicale et des précautions à prendre, notamment éviter toute pénétration d’eau dans l’oreille tant que le tympan est ouvert ; l’eau est source de poussées de surinfection. Le médecin prescrira un test auditif (un audiogramme), parfois un scanner et surtout attendra un délai de deux ou trois mois pour permettre à l’oreille de bien sécher (l’oreille doit être saine pour être réparée). Si la perforation persiste, une tympanoplastie sera envisagée après un délai de six mois ».

Quelles sont les causes des perforations tympaniques ?
« Il y a les causes aiguës comme le mouchage trop violent, la pénétration d »un corps étranger (trombones, allumettes, clefs), les cotons-tiges sont responsables de 5 à 10% des perforations, un traumatisme (une chute dans l’eau, une gifle sur l’oreille) ou bien un mécanisme infectieux (accumulation de bactéries), une décompression (quand on se bouche le nez et que l’on souffle très fort pour déboucher ses oreilles) ; il y a aussi les causes chroniques, les otites pas ou peu soignées qui favorisent les infections, le tabac aussi ».
Quel est le taux de réussite de l’intervention ?
« De 95 à 100%. Le patient retrouve toute son audition deux à quatre semaines après l’opération. Sauf si des osselets sont abîmés ou qu’il y a une atteinte de l’oreille interne ».
Est-ce que la tympanoplastie peut se pratiquer sous anesthésie locale ?
« Oui, c’est possible, mais l’oreille est très innervée, c’est donc très douloureux de faire l’injection. L’anesthésie générale est le plus souvent utilisée, car elle est nettement plus confortable pour le patient et aussi pour le chirurgien. C’est une intervention qui se pratique en ambulatoire. Généralement, le patient sort en fin de journée, il peut rester hospitalisé une nuit, mais jamais plus de 24 heures ».
Quels sont les soins post-opératoires ?
« Une semaine après la greffe, le patient revoit son médecin pour le retrait du pansement (généralement un petit tampon imprégné d’antibiotique qui a été positionné dans le conduit auditif à la fin de l’intervention). Une nouvelle visite a lieu quinze jours après pour les derniers soins (nettoyage et aspiration du conduit), vérification de l’absence de complications, notamment le développement d’un resserrement du conduit auditif externe par le tissu cicatriciel ».
Quelles sont les complications d’une telle greffe ?
« Elles sont rares et liées le plus souvent à une infection dans l’oreille interne, ou à un problème d’amygdale. Le patient peut ressentir des vertiges. Il existe une complication très rare, mais à connaître. Elle représente moins de 0,5 % des cas, alors que l’opération présente un bon résultat anatomique. On constate une chute, voire une régression de l’audition, cest vraiment extrêmement rare’.
Est-ce qu’il y a des échecs de greffe ?
« Il peut y avoir des récidives de perforation effectivement. Mais, généralement, quand la greffe ne prend pas c’est que l’oreille n’était pas suffisamment sèche lors de l’intervention, ou bien qu’une infection se trouvait dans l’oreille interne ».
Y a-t-il des précautions particulières, une conduite à tenir après une tympanoplastie ?
« Oui, il faut éviter les bains pendant trois mois et les douches durant un mois. Il ne faut pas se moucher, car cela crée une pression sur le tympan. Une fois que le tympan est fermé, il est aussi résistant qu’avant ».
Peut-on faire de la plongée ?
« Oui, dans des conditions normales (apnée et bouteille). Si la greffe a pris, le tympan est aussi solide qu’avant. Nous utilisons une technique de greffe particulière avec du cartilage pour les plongeurs professionnels, les PNC (personnels navigants) ou les récidives de perforation. Le cartilage est plus rigide, il transmet légèrement moins bien les sons mais, il se lyse moins facilement d’où de meilleurs résultats de prise de greffe ».
Propos recueillis par Cl. Chunlaud