La filariose lymphatique est lune des maladies tropicales négligées. Pour autant plus de 1,3 milliard de personnes dans 72 pays sont menacées par cette maladie communément appelée éléphantiasis. Plus de 120 millions de personnes sont actuellement infectées, et environ 40 millions dentre elles souffrent de difformités et sont handicapées par la maladie. Un territoire français est concerné, c’est la paradisiaque Polynésie française. Selon une étude qui date de 2008, 11% de la population locale est malade.
C’est le moustique qui inocule à l’homme les larves du parasite (des nématodes, des vers ronds de la famille des Filaridés) qui se nichent dans le système lymphatique. Les vers adultes perturbent le système immunitaire. Ils ont une longévité de six à huit ans et, au cours de leur vie, produisent des millions de microfilaires (petites larves) qui circulent dans le sang. La filariose lymphatique peut prendre des formes asymptomatiques, aiguës ou chroniques. Ces infections asymptomatiques causent des dommages au système lymphatique et des lésions rénales, et altèrent le système immunitaire de lorganisme. Lorsque la maladie devient chronique, elle conduit au lymphdème (gonflement des tissus) ou à léléphantiasis (épaississement de la peau/des tissus) des membres et à lhydrocèle (accumulation de liquide). Les seins et les organes génitaux sont fréquemment atteints. « Des difformités corporelles qui conduisent à une stigmatisation sociale, ainsi quà de graves difficultés financières dues à la perte de revenu et à des dépenses médicales élevées », assure l’OMS avant d’ajouter : « Le fardeau socio économique associé à lisolement et à la pauvreté est énorme ».
Pour interrompre la transmission, lOrganisation mondiale de la Santé recommande de procéder chaque année à une distribution massive de médicaments sous la forme dune dose unique de deux médicaments associés administrée à toutes les personnes exposées dans les régions dendémie. L’organisation soutient les pays touchés par cette maladie, elle mène une action à grande échelle dans le Pacifique contribuant à la distribution des médicaments (Notézine et Zentel) qui éradiquent les micro-filaires. En Polynésie française, 600 000 comprimés feront lobjet dune distribution « observée » à la population du 12 au 25 mars. Si la Notézine est achetée par ce territoire (81 000 euros par an), le second médicament appelé Albendazole (Zentel) est fourni par lOrganisation mondiale de la Santé (OMS) dans le cadre de la lutte régionale contre la filariose dans le Pacifique. En prenant le traitement annuellement, lorganisme se débarrasse des microfilaires, cest-à-dire des larves de vers parasites (Wuchereria bancrofti, Brugia malayi, B. timori), mais aussi dune partie des vers adultes.
Approximativement 65% des personnes infectées vivent dans la Région OMS de lAsie du Sud-Est, 30% dans la Région africaine et le reste dans dautres zones tropicales. La lutte contre les moustiques est un autre moyen qui peut être utilisé pour supprimer la transmission. L’OMS recommande « Lutilisation de moustiquaires imprégnées dinsecticide ou la pulvérisation dinsecticide à effet rémanent à lintérieur des habitations sont des mesures qui peuvent contribuer à protéger de linfection les populations des régions dendémie. La résolution WHA50.29 de lAssemblée mondiale de la Santé a appelé instamment les Etats Membres à éliminer la filariose lymphatique en tant que problème de santé publique ». Pour donner suite à la résolution, lOMS a lancé en 2000 le Programme mondial pour lélimination de la filariose lymphatique (GPELF), dont lobjectif est déliminer la maladie d’ici 2020.