Maladies infectieuses

Qu’est-ce que la filariose lymphatique ?

filariose-3- Crédit : Stéphanie Brias
La filariose lymphatique est l’une des maladies tropicales négligées. Pour autant plus de 1,3 milliard de personnes dans 72 pays sont menacées par cette maladie communément appelée éléphantiasis. Plus de 120 millions de personnes sont actuellement infectées, et environ 40 millions d’entre elles souffrent de difformités et sont handicapées par la maladie. Un territoire français est concerné, c’est la paradisiaque Polynésie française. Selon une étude qui date de 2008, 11% de la population locale est malade.

C’est le moustique qui inocule à l’homme les larves du parasite (des nématodes, des vers ronds de la famille des Filaridés) qui se nichent dans le système lymphatique. Les vers adultes perturbent le système immunitaire. Ils ont une longévité de six à huit ans et, au cours de leur vie, produisent des millions de microfilaires (petites larves) qui circulent dans le sang. La filariose lymphatique peut prendre des formes asymptomatiques, aiguës ou chroniques. Ces infections asymptomatiques causent des dommages au système lymphatique et des lésions rénales, et altèrent le système immunitaire de l’organisme. Lorsque la maladie devient chronique, elle conduit au lymphœdème (gonflement des tissus) ou à l’éléphantiasis (épaississement de la peau/des tissus) des membres et à l’hydrocèle (accumulation de liquide). Les seins et les organes génitaux sont fréquemment atteints. « Des difformités corporelles qui conduisent à une stigmatisation sociale, ainsi qu’à de graves difficultés financières dues à la perte de revenu et à des dépenses médicales élevées », assure l’OMS avant d’ajouter : « Le fardeau socio économique associé à l’isolement et à la pauvreté est énorme ».

Pour interrompre la transmission, l’Organisation mondiale de la Santé recommande de procéder chaque année à une distribution massive de médicaments sous la forme d’une dose unique de deux médicaments associés administrée à toutes les personnes exposées dans les régions d’endémie. L’organisation soutient les pays touchés par cette maladie, elle mène une action à grande échelle dans le Pacifique contribuant à la distribution des médicaments (Notézine et Zentel) qui éradiquent les micro-filaires. En Polynésie française, 600 000 comprimés feront l’objet d’une distribution « observée » à la population du 12 au 25 mars. Si la Notézine est achetée par ce territoire (81 000 euros par an), le second médicament appelé Albendazole (Zentel) est fourni par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) dans le cadre de la lutte régionale contre la filariose dans le Pacifique. En prenant le traitement annuellement, l’organisme se débarrasse des microfilaires, c’est-à-dire des larves de vers parasites (Wuchereria bancrofti, Brugia malayi, B. timori), mais aussi d’une partie des vers adultes.

Approximativement 65% des personnes infectées vivent dans la Région OMS de l’Asie du Sud-Est, 30% dans la Région africaine et le reste dans d’autres zones tropicales. La lutte contre les moustiques est un autre moyen qui peut être utilisé pour supprimer la transmission. L’OMS recommande « L’utilisation de moustiquaires imprégnées d’insecticide ou la pulvérisation d’insecticide à effet rémanent à l’intérieur des habitations sont des mesures qui peuvent contribuer à protéger de l’infection les populations des régions d’endémie. La résolution WHA50.29 de l’Assemblée mondiale de la Santé a appelé instamment les Etats Membres à éliminer la filariose lymphatique en tant que problème de santé publique ». Pour donner suite à la résolution, l’OMS a lancé en 2000 le Programme mondial pour l’élimination de la filariose lymphatique (GPELF), dont l’objectif est d’éliminer la maladie d’ici 2020.