PARIS (AFP) – « Le mari d’une femme de 30 ans, morte en 1997 alors qu’elle suivait un traitement avec le médecin qui a prescrit les gélules amaigrissantes ayant provoqué en 2006 la mort d’une femme et l’hospitalisation de 17 personnes, a récemment porté plainte à Paris, a annoncé vendredi son avocat. En avril 2006, un femme de 57 ans a trouvée la mort et dix-sept personnes ont été hospitalisées après avoir ingéré des « gélules amaigrissantes » prescrites par un médecin et préparées par un pharmacien parisien. Ce pharmacien a été mis en examen le 28 avril pour « homicide involontaire » et « blessures involontaires » dans le cadre d’un information judiciaire instruite au pôle santé publique de Paris par la juge Anne-Marie Bellot.
« Nous avons déposé en mai dernier une plainte avec constitution de partie civile auprès du doyen des juges d’instruction de Paris », a expliqué à l’AFP Me Sylvain Maier, qui est par ailleurs l’avocat de plusieurs victimes hospitalisées en 2006. Le traitement pris par l’épouse de son client pour perdre quelques kilos avait été préparé par une autre pharmacien que celui qui a été mis en examen dans la première affaire mais qui était installé dans la même rue de Paris, indique l’avocat. L’autopsie du corps de la jeune femme décédée en 1997 avait conclu à une mort naturelle mais le médecin légiste avait constaté la présence dans le sang d’une surdose d’amfétramone, une dérivé amphétaminique, qui peut être à l’origine d’intoxication, explique l’avocat selon qui la dose ingérée par sa cliente était 8 fois supérieure à la dose limite. Alerté par la médiatisation de l’affaire des « gélules amaigrissantes », le mari de la victime a décidé de se constituer partie civile pour faire toute la lumière sur la mort de sa femme. Selon le Monde daté de samedi, le médecin prescripteur a été suspendu par arrêté préfectoral et vient d’être convoqué devant la section disciplinaire du conseil régional de l’ordre des médecins pour manquement aux bonnes pratiques médicales.
Selon le quotidien, le pharmacien a reconnu avoir fait « une erreur énorme » en réalisant l’une des préparations réclamées par le médecin. Après analyse, il s’est avéré que les gélules comportaient une dose de lévothyroxine (hormone thyroïdienne de synthèse) 400 à 800 fois supérieure à la dose thérapeutique attendue, explique le Monde, en précisant que ces gélules n’ont pas fait l’objet d’inscription sur l’ordonnancier. Le rôle trouble du médecin est également pointé par un inspecteur de la Direction régionale des affaires sanitaires et sociales (DRASS), cité par le Monde. Les ordonnances de l’endocrinologue étaient « illisibles, ne comportaient ni le nom du patient, ni la date, ni le tampon de la pharmacie, détournaient la loi Talon (interdisant de mélanger certaines substances) », dit l’inspecteur qui suggère une complicité entre le médecin et le pharmacien ».