En France, 200 000 personnes tentent chaque année de mettre fin à leurs jours. En ce mardi 7 février, journée nationale de prévention du suicide, l’Union nationale des cliniques psychiatriques (UNCP) interpelle le grand public sur la nécessité d’améliorer la prise en charge des patients suicidaires afin d’éviter la récidive. « Le suicide est la première cause de mortalité chez les 25-34 ans et la seconde chez les 15-24 ans », indique le docteur Olivier Drevon, psychiatre et président de lUNCP, « lamélioration de la prévention et de la postvention doivent être prioritaires : le risque de récidive dans lannée qui suit le passage à lacte est évalué entre 10 et 20%, voire 30 à 50 % chez les adolescents ».
Une tentative de suicide est souvent considérée comme un appel à laide ou comme le signe dune profonde détresse. La prise en charge et le suivi après une tentative sont donc unanimement reconnus comme essentiels. Pourtant, peu détudes existent sur ce suivi, et les chiffres de récidives témoignent de la nécessité dune revalorisation de la prise en charge, « dautant que les risques de récidive augmentent quand le suicidant na pas le sentiment que les choses vont changer et saméliorer. Le rôle du psychiatre et de lentourage du patient est de lui montrer quil nest pas incompris et que la situation qui a mené à la tentative nest pas une fatalité. Hospitaliser le patient, cest le rassurer sur la prise en considération de son geste afin de limiter les risques de rechute, avec le souci de favoriser les soins ultérieurs », explique le Dr Olivier Drevon. « En vue de répondre au mieux aux besoins médicaux et environnementaux de ces patients, des innovations sont réalisées ici et là par nos établissements. Je pense par exemple aux lits de crise, rattachés aux services des urgences hospitalières, qui permettent daccueillir des patients en phase aiguë avec une surveillance médicale intensive et rapprochée. »
Faire bénéficier les patients des dernières innovations en matière de traitements
Lévolution technique des prises en charge en fin de dépression nécessite un personnel spécifiquement formé. Les Cliniques Psychiatriques de France, en première ligne dans laccompagnement des patients en crise et en post-crise suicidaire, développent les dernières innovations en matière de traitements pour en améliorer lefficacité : « Avant de se réintégrer socialement, le patient a souvent besoin dêtre formé aux techniques de remise en confiance, comme la reconquête narcissique, car traverser le désert de la dépression fait perdre lestime de soi », précise de docteur Alain Nicolet, psychiatre et vice-président de lUNCPSY. « Après une tentative de suicide notamment, cette étape essentielle participe à la réintégration professionnelle des patients. C’est un aspect à ne pas négliger car faire l’impasse sur ce travail d’accompagnement est à terme contreproductif à la fois pour le patient, son entourage et plus largement pour la société. On oublie trop souvent de mentionner l’enjeu économique que représente le coût de la dépression et des passages à lacte quelle peut engendrer. » Selon une étude, 75% des coûts totaux liés à la dépression ne sont pas directement liés au traitement mais relatifs à la perte de productivité sociale et économique[1].
En 2010, 5,5 % des 15-85 ans déclaraient avoir fait une tentative de suicide au cours de leur vie. Si un événement particulier peut avoir déclenché lacte, les raisons profondes en sont souvent complexes. Parmi les principaux facteurs de risque : le fait davoir subi des violences, sexuelles ou non, la solitude, le chômage, sans oublier la dépression. Le risque de passage à lacte est de 30% supérieur chez les personnes dépressives : le taux de mortalité suicidaire est alors proche de 15 % (source : Bulletin épidémiologique hebdomadaire, 13 décembre 2011).
Sources : communiqué de lUnion Nationale des Cliniques Psychiatriques