« Octobre Rose » serait-il victime de son succès ? C’est bien la question qui se pose aujourd’hui à La Ligue contre le cancer. Le trop plein et l’éclectisme des événements estampillés « Octobre Rose » rend le message initial totalement inaudible. Pire, il serait contre-productif, les statistiques révèlent une baisse de la participation au dépistage du cancer du sein depuis 2012.
Initié dans les années 1990 aux Etats-Unis pour sensibiliser les femmes entre 50 et 74 ans au dépistage du cancer du sein, cet événement a été lancé en France il y a près de 25 ans. Ces dernières années il a connu un engouement incroyable et a été repris par d’innombrables entités institutionnelles, privées et associatives qui -sous l’étiquette Octobre Rose- organisent des manifestations pour collecter des fonds, fédérer, informer… Le succès est tel que l’on en oublierait presque l’essentiel, c’est-à-dire la vocation de cet événement : la promotion du dépistage du cancer du sein via la mammographie. Ce qui inquiète le plus La Ligue contre le cancer c’est le détournement de l’opération. Certaines associations et entreprises surfent sur la notoriété d’Octobre Rose pour communiquer sur leurs propres actions, voire leurs produits. On voit fleurir dans les magasins des boîtes de petits pois « Octobre Rose… Ce phénomène baptisé « Pinkwashing » est dénoncé depuis quelques années aux Etats-Unis et au Canada. La Ligue contre le cancer dénonce des « tentatives de communications opportunistes et démagogiques » qui brouillent le message et ne sont pas sans conséquences sur le dépistage en lui-même car justement depuis 2012 la participation est en net recul. Malgré le succès d’Octobre Rose, les femmes de plus de 50 ans, premières concernées par ce risque, se détournent de la mammographie de dépistage. Lire la suite « Octobre Rose : un trop plein d’événements qui brouille la communication autour du dépistage »


Infirmière affectée au travail de nuit, Sylvie Pioli est opérée pour un cancer du sein en 2015, radiothérapie, hormonothérapie… Comme de très nombreuses Françaises (50 000 nouveaux cas par an), elle suit ce parcours de soin. Au détour d’une consultation, un médecin lâche une information qu’elle ignorait jusqu’alors « un lien entre le cancer du sein et le travail de nuit ». Pourtant des études existent depuis 2007, le risque d’avoir un cancer du sein est 30 fois supérieur chez les travailleuses de nuit que chez les autres salariées. Dès lors, Sylvie part en croisade pour l’amélioration de la surveillance médicale des salariées qui travaillent la nuit et la reconnaissance du cancer du sein comme maladie professionnelle pour cette catégorie de personnel. Avec des amies et collègues, elle crée une association CycloSein et part sur les routes pour plaider cette cause tout en faisant la promotion d’une pratique sportive régulière pour prendre soin de sa santé. En septembre 2016, elle organise un périple à travers la France et tente de rencontrer la ministre de la Santé, mais en vain. Après quelques annulations, Sylvie sera reçue par des médecins au ministère, sept mois se sont écoulés depuis ce rendez-vous et aucune réponse n’a été apportée aux demandes de l’association.
149 500 décès par an par en 2015 en France métropolitaine