Les systèmes dobservation relatifs aux drogues et à leurs usages en France font apparaître plusieurs tendances alarmantes concernant lhéroïne. En effet, divers éléments témoignent dévolutions inquiétantes quant à son utilisation et à la perception de sa dangerosité. Ces éléments sont développés dans les deux derniers rapports du dispositif TREND (Tendances récentes et nouvelles drogues) de lObservatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT)2 à partir dune diversité de sources de données dont certaines sont issues de lAgence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) et de lInstitut de veille sanitaire (InVS): Il est constaté :
* Une augmentation continue de la consommation, non seulement parmi les personnes habituellement usagères dopiacés mais aussi, parmi des populations peu familières de ces produits. Ces consommateurs sont majoritairement jeunes et plutôt insérés socialement.
* Des modes dusage plus variés et plus complexes : lusage par voie nasale (sniff) apparaît aujourdhui en nette augmentation, avec une poly-consommation (usage de plusieurs produits en association ou successivement) très fréquente. Cependant, le recours à linjection intraveineuse et sous-cutanée particulièrement à risque (transmissions virales telles que VIH et hépatites, endocardite bactérienne, candidose, etc.) existe toujours, avec une proportion importante de réutilisation de la seringue, de partage de celle-ci ainsi que du petit matériel (cupule, eau, coton ).
* Une banalisation croissante du produit essentiellement en milieu festif « techno » où son usage est de plus en plus accepté et visible, sans perception réelle de sa dangerosité. Dans ce milieu, certains usagers consommeraient lhéroïne pour « gérer la descente » (fin des effets) des stimulants, mais aussi pour rechercher ses effets spécifiques (« flash »).
* Enfin, un manque de connaissance des nouveaux usagers quant aux risques encourus , aux pratiques de réduction des risques et, parfois à la nature même du produit consommé6, ces jeunes usagers nétant majoritairement pas en contact avec des dispositifs de réduction des risques.
Lensemble de ces facteurs pourrait avoir des conséquences graves sur la santé des usagers, y compris sur le risque daugmentation du nombre de décès, notamment par surdose. Lexemple récent de la circulation dhéroïne très concentrée à lorigine dun décès en Seine-Saint-Denis constitue un facteur de risque supplémentaire. Le risque daugmentation du nombre de décès ne pourra cependant être confirmé quultérieurement par une analyse spécifique des données de mortalité lié e s à l’usage de drogues , sur lequel une étude est en cours.
Les autorités sanitaires, la Direction générale de la santé, lAfssaps et lInVS ainsi que la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (MILDT) et lOFDT tiennent à rappeler les dangers inhérents à la consommation dhéroïne et dautres opiacés. En effet, quelle que soit la voie dadministration (injection ou sniff), la consommation de ces substances, seules ou en association avec dautres drogues, en particulier la cocaïne, peut être mortelle.